Prix de leadership inspirant 2018 de l'ATTSO 

Anne Toth, Ph. D. 


En évoquant sa carrière en travail social, Anne Toth, Ph. D., explique : « Je n'aurais jamais cru qu'en acceptant de jouer avec une camarade de classe qui ne parlait pas à la maternelle, j'aurais trouvé ma vocation. » Anne Toth, MSS, D.Ed, TSI, est une travailleuse sociale en pratique privée à Sarnia et London (Ontario). Elle offre des services de consultation, d'évaluation, de counseling et de psychothérapie en anglais, français et en langage gestuel américain (ASL) aux enfants et aux adultes qui sont aux prises avec le stress, des traumatismes, des mauvais traitements, le deuil, l'adoption, la dépendance et des problèmes interpersonnels et au travail. L'ATTSO lui rend hommage à titre de chef de file inspirante pendant la Semaine du travail social, qui a lieu du 5 au 11 mars 2018, sous le thème « Les travailleuses et travailleurs sociaux à la première ligne des vrais problèmes ».

Anne Toth est non seulement titulaire de diplômes ou de certificats en travail social, mais aussi en français et en langage gestuel américain, et elle a utilisé cet ensemble unique de compétences très avantageusement. Elle a fait preuve de leadership et d'innovation, particulièrement dans le domaine de la surdité, combinant son intérêt envers la déficience auditive et sa profession en travail social pour se pencher sur les problèmes psychosociaux des enfants sourds et utiliser le langage gestuel afin d'aider les enfants atteints de troubles cognitifs et de développement intellectuel à surmonter leurs problèmes de communication.

Anne a démontré sa capacité à être « à la première ligne des vrais problèmes » en se déplaçant fréquemment afin de venir en aide à des collectivités traumatisées : à Lac-Mégantic (Québec) après le déraillement de train terrifiant, à Haïti comme l'unique travailleuse sociale en mission médicale, et lorsque des ouragans ont causé la dévastation. Plus récemment, elle est intervenue en gestion du stress lié à un incident critique et offert du soutien aux survivants de catastrophes naturelles au Texas, et en Floride à la suite de violence d'origine humaine. Elle a inspiré des auditoires au Canada et à l'étranger en donnant des présentations sur sa recherche pour jeter des ponts entre le monde des Sourds et le monde entendant, et elle a reçu des prix pour son travail dans l'exercice du travail social, sur l'alphabétisation des Sourds et des adultes et ses services bénévoles. Son travail dans les domaines de la communication, de l'alphabétisation, de la gestion du stress et du deuil (ce dernier s'adressant enfants) a été publié en français et en anglais. Elle a enseigné le travail social à titre de chargée de cours et superviseure de stages pratiques et, depuis 2000, elle a été membre auxiliaire du corps professoral et directrice de thèse de doctorants. 

La carrière d'Anne Toth, qui est titulaire d'un baccalauréat en travail social et d'une maîtrise en travail social de l'Université de Windsor, a commencé à la Société d'aide à l'enfance de Sarnia. Après un congé parental, elle a accepté une offre comme conseillère en réadaptation professionnelle, ce qui lui a permis de rencontrer des personnes qui vivent avec différentes capacités et un large éventail d'incapacités, mais surtout, des personnes sourdes. Anne fait remarquer : « Étant donné que j'avais déjà appris l'importance d'établir des liens avec les autres au moyen de leur langage et de leur culture dans mon travail auprès de personnes d'expression française, il était logique que j'apprenne à communiquer avec celles qui s'identifiaient comme faisant partie de la communauté sourde sur le plan linguistique et culturel. » Par la suite, elle est devenue travailleuse sociale auprès des enfants et des familles de la Robarts School for the Deaf.

Anne poursuit : « Ma conviction que le langage EST une thérapie m'a encouragée à terminer mes travaux de doctorat à l'Université Nova Southeastern (Floride) en 2000. J'ai commencé à enseigner au programme d'éducation à distance du doctorat de Nova à titre de membre auxiliaire du corps professoral et j'ai poursuivi mon propre apprentissage par la recherche auprès de l'Association des Sourds du Canada sur les enfants atteints d'autisme, du syndrome de Down, des troubles causés par l'alcoolisation fœtale et de troubles d'apprentissage. » Sa recherche (Bridge of Signs, ou le pont des signes) consistait à déterminer si le langage gestuel pouvait habiliter les enfants non sourds à surmonter leurs troubles de communication. Au cours des années qui ont suivi, fait-elle remarquer, des articles, des livres, des recherches avec d'autres et des présentations un peu partout dans le monde l'ont aidée à transmettre ses connaissances et les sentiments de sa philosophie : « Jeter des ponts entre les mondes, rapprocher les gens ». Elle espère présenter Bridge of Signs à la Fédération mondiale des Sourds à Paris en 2019.

Si on lui demande comment elle entretient l'inspiration dans son travail, Anne répond : « Sans la formation que j'ai reçue en travail social, je n'aurais jamais compris les conséquences de l'incapacité sur l'accessibilité, que les droits de la personne qui sont liés à l'accessibilité passent par l'éducation, et que la santé mentale dépend de notre capacité à communiquer. Sans la formation que j'ai reçue en langage gestuel, je n'aurais pas pu transmettre ce que j'ai appris dans mon travail et au cours de ma vie, d'être un pont entre les personnes sourdes et celles qui entendent, d'accomplir la tâche fondamentale du travail social, de voir la personne au cœur du problème, d'aider les gens à s'aider eux-mêmes. » 

Anne Toth nous fait part d'autres réflexions sur sa carrière en travail social : « Bien que je n'aie pas perçu le privilège dont je bénéficiais en raison de facteurs comme la race, l'éducation, la famille, la position sociale, le genre, la langue, la santé, la santé mentale, l'orientation sexuelle ou les croyances religieuses, les déterminants de mon bien-être, de ma protection et de mon succès étaient là. Ce que j'en suis venue à comprendre est que le défi consiste à accepter qui nous sommes malgré notre héritage, malgré ce qui nous est arrivé, malgré l'étendue de notre échec ou l'ampleur de notre réussite. Le succès est subjectif. Il existe de véritables tragédies dans le monde. Ce que j'ai choisi de voir est la possibilité de ce que nous pouvons être et comment nous pouvons être les uns avec les autres et pour les autres. La perspective du "verre à moitié plein" que j'apporte à mon travail rend la vie débordante de possibilités et d'espoir. » 

Comment Anne entretient-elle sa passion? « En tant que travailleuses et travailleurs sociaux, nous sommes appelés à ne pas porter de jugement, à voir la personne comme elle se voit elle-même, à travailler pour opérer le changement chez les gens, dans les politiques et au sein des collectivités, et à rechercher le bien commun dans la société. Je me suis souvent demandé quel monde nous aurions si nous avions tous été formés aux principes et aux valeurs du travail social avant d'entreprendre nos vocations individuelles. Chercherions-nous à comprendre avant d'insister pour qu'on nous comprenne? Chercherions-nous à trouver une solution avant de nous retrouver coincés par le problème? Jetterions-nous des ponts de compassion et bâtirions-nous des relations avant de creuser des tranchées et de construire des murs? J'ai été frappée par l'importance de ce que le travail social nous enseigne pour vivre. Ce sont ces petites vérités simples prononcées par des êtres humains sages et remarquables – les travailleuses et travailleurs sociaux! – qui m'ont aidée à entretenir ma passion pour le travail et l'engagement envers la profession. »

Anne Toth est une chef de file inspirante dans le monde du travail social, une bâtisseuse de ponts infatigable et pleine d'espoir. Pendant la Semaine du travail social, du 5 au 11 mars 2018, et tout au long de l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui obtiennent des résultats tangibles.