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Dre Cindy Blackstock


Récipiendaire : février 2008

Selon Dre Cindy Blackstock, la déontologie constitue le fondement du travail social : c'est ce qui donne de la vitalité à nos relations et à nos compétences et c'est ce qui les façonne. Cindy est la directrice générale de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières nations du Canada, qui fournit des services de recherche, d'élaboration de politiques et de perfectionnement professionnel aux organismes de services à l'enfance et à la famille des Premières nations dans tout le Canada. Elle a été interviewée avant la Semaine nationale du travail social, qui est célébrée du 3 au 9 mars 2008 et qui a pour thème : « Les travailleuses et travailleurs sociaux et la défense des droits de la personne dans une communauté plurielle ". L'ATTSO la reconnaît comme un chef de file dans le milieu du travail social à l'occasion de la Semaine nationale du travail social. »

Cindy a travaillé sur le terrain dans le domaine de la protection de l'enfance pour des organismes de protection de l'enfance - provinciaux et des Premières nations - pendant plus de treize ans avant d'accéder à son poste actuel. Tout en poursuivant des études de doctorat en travail social à l'Université de Toronto, elle est également coresponsable du groupe de travail sur les droits des enfants autochtones pour le groupe d'ONG des Nations Unies sur les droits de l'enfant.

Cindy a fait remarquer : « Pour moi, la déontologie c'est quelque chose que je suis et non pas que je fais pour une profession. Pour atteindre les idéaux du travail social, je dois essayer de vivre chaque jour en rendant compte des valeurs d'honnêteté, d'humilité, de respect, de courage, de réciprocité, de liberté et d'amour. »

En réponse à une question au sujet des valeurs du travail social et des compétences dans ce domaine, Dre Cindy Blackstock a indiqué : « Quand je pense à mes fonctions de travailleuse sociale, voici ce que j'entends et ce qui m'aide à tenir bon sur le plan déontologique :

  • Les dirigeants et les aînés des Premières nations me rappellent souvent que c'est aux enfants et aux familles avec lesquels je travaille que je dois ma première allégeance et mon obligation de rendre compte - sinon, je risque de faire passer mes intérêts personnels et professionnels avant les leurs.
  • Ma mère m'a toujours dit : « lorsque tu essaies de résoudre des problèmes, cherche ce qu'il y a de plus évident, car presque personne n'y pense ». Elle avait raison; on pourrait enregistrer beaucoup de changements en veillant à ce que les enfants des Premières nations aient accès aux mêmes ressources que celles auxquelles ont accès les autres enfants au Canada et d'une façon qui respecte leur culture et leur identité distinctes.
  • Un aîné a dit un jour au juge René Dussault au cours de la Commission royale sur les peuples autochtones que l'on peut parler d'éloquence quand les mots ont un sens. Cela signifie que je dois vivre les valeurs du travail social au quotidien dans les relations que j'établis et les mesures que je prends (ou ne prends pas).
  • Bea Shawanda, une aînée et enseignante de talent, m'a dit que l'intégrité consiste à faire ce qu'il faut quand personne ne me regarde. Autrement dit, faire toujours ce qu'il faut, et non pas seulement lorsque cela est facile ou sans risque.
  • Brent Collins, un caporal de la GRC, m'a appris qu'" en faisant ce qui est urgent, on risque de manquer ce qui est important. « J'essaie de ne pas me laisser prendre dans l'engrenage de mon travail. Perdre de vue ce qui est véritablement important, c'est - comme le disait mon ami Terry Cross - risquer de " devenir très bonne à faire les choses n'importe comment ».
  • Hennie Kerstiens, la personne qui m'a le plus appris à être une courageuse préposée à la protection de l'enfance, avait l'habitude de dire : « les grands arbres retiennent beaucoup de vent ". Elle avait raison. Il arrive que les vents qui essaient de nous détourner de nos valeurs personnelles et professionnelles soient très forts et viennent de directions inattendues - et parfois même de toutes les directions. S'écarter du droit chemin peut entraîner des préjudices pour les autres et vous faire souffrir sur le plan personnel et professionnel. »

Interrogée au sujet des défis et obstacles, Cindy a répondu : « Franchement, je n'accorde pas beaucoup d'importance aux obstacles. Je me dis tout simplement que les enfants des Premières nations seront traités équitablement et avec respect, et je me mets au travail avec les autres pour faire en sorte que cela se produise. Lorsque je me sens fatiguée ou découragée, je cherche l'inspiration dans les enfants et l'amour de ma famille, de mes amis et collègues pour rester sur la bonne voie. »

Cindy approuve le mouvement collectif qui se développe et qui consiste pour les communautés des Premières nations à collaborer avec les communautés non autochtones pour que les enfants autochtones et non autochtones puissent établir des relations qui respectent leurs identités distinctes et reconnaissent tous leurs droits : « Pour moi, c'est ce en quoi consiste la réconciliation, et il faut pour cela de la vitalité dans nos relations et actions personnelles et professionnelles. Le Principe de Jordan est un excellent exemple pratique de réconciliation. Jordan River Anderson était un garçon des Premières nations qui a passé plus de deux ans inutilement dans un hôpital alors que les gouvernements provincial et fédéral se disputaient sur la question de savoir qui allait payer ses soins à domicile. Les soins à domicile de Jordan auraient été pris en charge sans problème par la province s'il n'avait pas été autochtone. Malheureusement, Jordan est décédé à l'âge de 5 ans, sans avoir passé un seul jour dans un foyer familial. À la mémoire de Jordan, et avec le soutien de sa famille et de sa communauté, le Principe de Jordan a été mis au point : en résumé, selon ce Principe, lorsqu'il existe un conflit de compétence entre le gouvernement fédéral et un gouvernement provincial au sujet des services à un enfant des Premières nations et que ces services sont par ailleurs offerts aux enfants canadiens, le gouvernement le premier contacté doit payer la facture puis le conflit de compétence sera réglé par la suite. Le Principe de Jordan est devenu la politique relative aux enfants des Premières nations la plus largement soutenue dans l'histoire du Canada, ayant rapproché les dirigeants des Premières nations, tous les partis politiques, les syndicats, les entreprises, les jeunes, les aînés et les porte-parole des enfants et les professionnels qui ont veillé à ce qu'une motion d'initiative parlementaire appuyant le Principe de Jordan soit adoptée à l'unanimité par la Chambre des communes le 12 décembre 2007. » 

Dre Cindy Blackstock pense que les travailleuses et travailleurs sociaux doivent s'engager activement auprès des Premières nations afin de s'attaquer courageusement aux injustices flagrantes sur le plan des ressources et possibilités, injustices selon lesquelles les familles des Premières nations n'ont pas accès aux mêmes gammes de possibilités que les autres Canadiens quand il s'agit de la sécurité de leurs enfants. Elle invite les travailleuses et travailleurs sociaux à s'engager activement dans la réconciliation, en commençant par un processus d'apprentissage actif basé sur notre histoire et inspiré par nos valeurs et vision. Elle fait remarquer qu' « il faut du courage pour reconnaître que parfois ce sont nous, les "bonnes travailleuses et les bons travailleurs sociaux" qui avons commis des erreurs. En nous engageant dans le processus de réconciliation, nous prendrons part à la co-reconstruction d'une profession de travailleur social au sein d'une société canadienne où les peuples autochtones et non autochtones peuvent co-exister dans l'amitié tout en faisant en sorte que tous leurs droits soient reconnus. » 

Cindy tire sa passion pour le travail social de la dignité, de la force et du courage des enfants, des familles et de leurs communautés qui luttent pour surmonter les obstacles qui les empêchent de réaliser leur plein potentiel personnel. S'inspirant d'eux et essayant de suivre leur exemple, Cindy fait remarquer : « La dernière chose que des gens si courageux et si pleins de dignité avaient besoin de voir, c'est moi, avec toute ma chance, m'abritant derrière mon bureau lorsque les grands vents font rage. » Elle a ajouté : « Pour être un grand chef de file, il faut encourager l'espoir chez les autres en vivant sa propre vie avec honnêteté, courage, respect, humilité, amour, générosité et sagesse. »

En conclusion, Cindy a encouragé tous les membres à prendre cinq minutes aujourd'hui pour rendre la réconciliation possible en soutenant le Principe de Jourdan, en signant la déclaration conjointe www.fncaringsociety.com et en appuyant la Campagne sur les droits de la personne pour que les enfants des Premières nations reçoivent un financement équitable pour la protection de l'enfance - et à faire ainsi bouger les choses.

Dre Cindy Blackstock est un chef de file dans le milieu du travail social - c'est une femme sage, humble et courageuse. Au cours de la Semaine du travail social, du 3 au 9 mars 2008, et pendant toute l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui défendent les droits de la personne dans une communauté plurielle.