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Kathy Stiell


Récipiendaire : mars 2016

Il est évident pour Kathy Stiell qu'une focalisation sur les relations humaines et une expertise en la matière, cela a été l'un des plus puissants atouts du travail social et pourrait l'être encore davantage à l'avenir : « C'est un moment de l'histoire où on peut être très fier et enthousiaste d'être travailleuse/travailleur social ». Kathy Stiell, MSS, TSI, est cofondatrice du Centre d'aphasie d'Ottawa et directrice d'Aide à la famille. L'ATTSO la reconnaît comme leader inspirante au cours de la Semaine du travail social, que l'on célèbre du 7 au 13 mars 2016 et qui a pour thème : « Les travailleuses/travailleurs sociaux : Trouver solution à vos problèmes »

Kathy faisait remarquer que la recherche scientifique récente, tout particulièrement dans le domaine de la science neurologique, fournit une validation des interventions de longue date en travail social axées sur les relations et la « personne dans le contexte » : « Il y a un siècle, les pionniers du travail social ont gravé dans notre Code de déontologie des valeurs qui, on le sait, ont joué un rôle essentiel dans la santé et le bien-être affectif. Je me demande comment la travailleuse sociale Mary Richmond, qui écrivait en 1917, savait que « le degré de liens affectifs entre les membres de la famille était essentiel à leur capacité à survivre et à s'épanouir ». Je peux seulement conclure que notre profession était en avance sur son temps et qu'elle a tellement à offrir à l'avenir. L'engagement et l'expertise à reconnaître l'incidence systémique du renforcement des familles font partie de notre héritage. Il est intéressant de noter que désormais il y a des centaines de travaux de recherche appuyant la théorie de l'attachement, qui montre l'importance  de l'harmonisation empathique et des liens étroits pour faire face à l'adversité comme les traumatismes et la maladie. » 

Le thème de la Semaine du travail social de cette année a donné à Kathy l'occasion de se pencher sur sa carrière et sur la manière d'influencer le cours des choses : « En tant que travailleuses et travailleurs sociaux, nous avons reçu une formation qui nous permet de recourir à notre optique professionnelle pour identifier les populations vulnérables que les autres pourraient ignorer. Nous cherchons à comprendre et à favoriser les initiatives en vue de la justice sociale, l'accessibilité et l'inclusion. Dans ma carrière, j'ai trouvé des occasions d'aider à donner la parole et à trouver des réponses. »  Kathy a obtenu un BSS de Western en 1975 et une MSS de McGill en 1980. En début de carrière au Centre de réadaptation de la péninsule du Niagara, elle a été introduite à une population marginalisée qui souffrait de douleur chronique, et dont on mettait la réalité en doute. Elle a fait son stage de MSS  à la clinique de douleur générale de Montréal où elle s'est initiée à la « politique de la douleur » puis elle a concentré ses travaux de recherche sur la relation entre la douleur chronique et la détresse dans les relations étroites. 

Depuis le moment où elle a commencé à travailler à l'Hôpital civique d'Ottawa, elle a fait preuve de compétences innovatrices et d'énergie sans limites qui lui ont permis d'établir des ressources pour les gens ayant subi un AVC et qui avaient des handicaps liés à des traumatismes crâniens. À ce moment-là, elle a pris conscience des personnes marginalisées en raison de leur aphasie : « Similaire à la douleur chronique, j'ai considéré l'aphasie comme un handicap difficile à comprendre. L'aphasie est la perte du langage habituellement à la suite d'un AVC ou autres conditions neurologiques et elle est souvent interprétée à tort comme une perte de mémoire. Les facultés associées à la parole, la lecture et l'écriture peuvent toutes être touchées à différents degrés. Le langage est notre principal moteur d'interaction sociale. Imaginez savoir ce que vous voulez dire, mais ne pas être capable de le dire. Imaginez que dans le contexte de votre famille, vous connaissez vos enfants mais êtes incapable de les appeler par leur nom ou vous les appelez par le mauvais nom. Imaginez votre adolescente qui ne vous apporte pas l'invitation aux entrevues parents-enseignants parce qu'elle se sent gênée par votre difficulté à vous exprimer. L'aphasie cache la compétence, conduit à l'exclusion de la conversation normale, accroît la vulnérabilité à la maltraitance et plus tragiquement pose un risque d'inadéquation au sein des relations familiales. » 

Kathy a expliqué qu'une « solution » au « problème » de vivre avec l'aphasie a été trouvée grâce à l'ouverture d'un endroit sécuritaire - le Centre d'aphasie d'Ottawa, centre communautaire à but non lucratif qui offre un soutien à long terme aux familles lorsque les programmes de réadaptation prennent fin. Elle a fait remarquer que les premières vingt années n'ont pas été faciles alors qu'elle et l'orthophoniste Gillian Gailey ont dû remplir plus de 60 demandes de subventions pour survivre. Au fil des ans, leur diligence et leur action de sensibilisation ont permis au Centre d'aphasie de devenir un centre qui offre des services de travail social, un traitement en communication, de la physiothérapie, de la réadaptation cognitive, et des programmes de jour permettant l'inclusion sociale : « Nous sommes toutes les deux devenues passionnées et voulions offrir un lieu sûr aux familles pour qu'elles aient : un accès équitable et universel au soutien continu; l'autodétermination actualisée dans l'accès direct et sans politiques sur la mise en congé; un barème tarifaire à échelle mobile; des visites et programmes à domicile au départ afin de répondre aux besoins des clients plutôt que de faire les clients s'adapter aux programmes. Nous avons fait en sorte que le « traitement de la parole » soit accessible en mettant au point un modèle de cothérapie avec la collaboration orthophoniste et travailleuse sociale, selon un modèle décrit dansThe Clinical Handbook of Emotionally Focused Therapy. » 

En tant que thérapeute familiale et conjugale hautement qualifiée, Kathy a fait lors de conférences nationales et internationales des présentations au sujet d'interventions de thérapie axées sur l'affectif, a enseigné la thérapie familiale à l'Université Carleton, et elle a au fil des ans participé activement au mentorat de nombreux étudiants en MSS et récents diplômés. Elle a fait remarquer : « Le fait d'enseigner à l'école de travail social de l'Université Carleton pendant cinq ans m'a donné l'occasion d'encourager les étudiants à développer leur expertise en relations et leurs compétences en interventions familiales et de reconnaître cela comme l'un de nos plus grands atouts. » 

Kathy a été l'une des principales forces motrices dans l'établissement de Heartwood House, édifice qui abrite des organismes communautaires sans but lucratif à Ottawa. L'idée était que les organismes communautaires seraient « mieux ensemble » pour se soutenir et soutenir leurs clients et la plus large collectivité, s'ils partageaient espace, ressources, coûts, services et idées. Seize ans plus tard, Heartwood House abrite 21 organismes communautaires coopératifs sans but lucratif. 

Kathy a indiqué que l'ATTSO a joué un rôle important dans sa carrière : « Après l'obtention de ma MSS et mon déménagement à Ottawa, j'ai pu me joindre à la collectivité du travail social en devenant membre de la section de l'Est. Par ailleurs, pendant de nombreuses années, j'étais la seule travailleuse sociale au Centre d'aphasie et ma participation aux activités de la section de l'Est m'a permis de rester connectée avec les autres travailleuses/travailleurs sociaux dans la collectivité, dont un grand nombre sont parmi mes mentors. » 

Elle a ajouté : « C'est un grand honneur pour moi d'être choisie pour le Prix 2016 de leadership inspirant de l'ATTSO et je désire exprimer mes sincères remerciements à l'ATTSO et à tous mes collègues qui m'ont soutenue au fil des ans. Un grand merci également à ma famille si chaleureuse et positive. » 

Kathy Stiell est une leader inspirante dans le milieu du travail social - collaboratrice, innovatrice, infatigable. Pendant la Semaine du travail social, du 7 au 13 mars 2016, et pendant toute l'année, prenons le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui font changer les choses.