2018 Prix de leadership inspirant 2018 de l'ATTSO 

Uppala Chandrasekera


Quand elle considère sa carrière de chef de file de la politique publique et de défenseure de la justice sociale, Uppala Chandrasekera déclare : « Le fait d'être une travailleuse sociale constitue un élément important de mon identité et a fait de moi la personne que je suis. » Uppala Chandrasekera, MSS, TSI, est une travailleuse sociale de Toronto qui a occupé des rôles de direction progressistes liés à l'amélioration de la planification et de la prestation de services de santé, de santé mentale et de maintien de l'ordre aux échelons local, provincial et national. À titre de défenseure passionnée des populations marginalisées, son travail a principalement porté sur l'intersection de la discrimination et du racisme sur la santé, la santé mentale et le bien-être collectif. L'ATTSO lui rend hommage à titre de chef de file inspirante pendant la Semaine du travail social, qui a lieu du 5 au 11 mars 2018, sous le thème « Les travailleuses et travailleurs sociaux à la première ligne des vrais problèmes ».

Uppala Chandrasekera est titulaire d'une maîtrise en service social de l'Université Wilfrid Laurier. Elle dirige actuellement la division de la politique publique de l’Association canadienne pour la santé mentale en Ontario, où elle assume la direction du travail en matière de politique publique. Elle est également conseillère en politiques stratégiques pour le Comité de coordination provincial des services à la personne et des services juridiques. De plus, elle est coprésidente du groupe de travail de la police de l’Ontario sur la transition à la sortie de l'hôpital. Depuis 2012, Uppala siège au conseil d’administration de la Commission de la santé mentale du Canada et, de 2013 à 2016, elle en a été la vice-présidente. En 2017, elle a été nommée par le Cabinet de l'Ontario au conseil d’administration du service de police de Toronto, la première experte en santé mentale à jouer ce rôle. De plus, elle offre des services de sensibilisation et de formation en matière de droits de la personne, d'inclusion, d’antiracisme et d’équité en matière de santé, tandis que sa recherche et ses publications examinent les conséquences de la discrimination sur la santé et le bien-être des personnes et collectivités marginalisées.

Faisant le point sur son parcours professionnel, Uppala explique : « La santé mentale et les dépendances ont été des fils conducteurs tout au long de ma carrière. J'ai commencé comme agente correctionnelle dans un centre pour les jeunes et comme gardienne de sécurité au détachement local de la GRC à Iqaluit. J'ai vu personnellement les conséquences de la dépendance et des problèmes de santé mentale, tant pour les personnes en détention que pour les agents. Sans soutiens adéquats du système de soins de santé, les policiers devenaient la ressource par défaut des personnes en état de crise. Les policiers ne sont pas des professionnels de la santé, leur travail est d'assurer la sécurité publique. J'ai alors réalisé que le système de justice était celui qui accueillait tous les laissés pour compte du système de soins de santé. Le fait d'avoir acquis cette notion précieuse tôt dans ma carrière est à la base de mon travail en politique publique aujourd'hui. » 

Quand on lui demande ce que signifie pour elle « être à la première ligne des vrais problèmes », Uppala Chandrasekera répond : « Pour moi, le travail social consiste à opérer le changement tant sur le plan individuel avec les particuliers et les familles que sur le plan sociétal avec les collectivités, les institutions et la société dans son ensemble. J'ai énormément de respect pour les travailleuses et travailleurs sociaux qui sont des thérapeutes et des conseillers. Pendant mon bref mandat de conseillère, tout ce que je pouvais voir était les grandes barrières sociales en cause : la pauvreté, l'itinérance, la discrimination et les obstacles qui empêchent l'accès aux déterminants sociaux de la santé. J'ai vite réalisé que j'étais plus portée vers la pensée systémique et que mes compétences convenaient mieux aux questions sociétales. Une grande partie de mon travail de la dernière décennie a consisté à instaurer le changement par l'intermédiaire de la politique publique et à promouvoir des modifications législatives. À partir de l'information que je reçois de mes clients et des cliniciens, je considère que mon rôle est d'aider à interpréter la réalité des problèmes à la première ligne de façon à favoriser le changement social à grande échelle. Dans le domaine de la politique publique, il faut parfois des années avant que nous puissions voir le fruit de notre labeur, mais quand nous arrivons à obtenir du changement, des retombées positives importantes peuvent toucher un grand nombre de personnes à la fois, ce qui pour moi est vraiment gratifiant. »

Quand on lui demande comment elle nourrit l'inspiration dans son travail, Uppala répond : « La compassion de mes collègues du secteur de la santé mentale et des dépendances ne cesse de m'inspirer. Le secteur est sous-financé de façon chronique partout au Canada et l'infrastructure est en ruines alors que la demande de services augmente d'année en année. Pourtant, malgré tous les défis, les fournisseurs de services de santé mentale et de lutte contre les dépendances travaillent sans relâche et ils sont une véritable source d'inspiration. J'aimerais qu'on reconnaisse mieux l'importance de la santé mentale. Le discours a changé au fil du temps, mais comme société, nous devons considérer les problèmes liés aux dépendances et à la santé mentale de la même façon que nous le faisons pour les problèmes de santé physique. On ne peut tout simplement pas guérir du cancer, du diabète ou d'une maladie du cœur, il faut un diagnostic, un traitement et des soutiens appropriés. Il en est de même pour les problèmes de dépendance et de maladie mentale. Si on reçoit le bon traitement et le bon soutien, la guérison est possible. »

Voici ce que dit Uppala au sujet des obstacles et des défis : « Le racisme est un déterminant social de la santé et il continue d'influer sur la santé et le bien-être des individus, des collectivités et de la société. Le racisme existe aussi dans la profession du travail social. La meilleure façon de contrer le racisme sur le plan individuel est de le reconnaître dès que nous en sommes témoins. Souvent, les personnes racialisées se disent, "Oh, c'était probablement juste dans ma tête. Cette insulte subtile s'adressait-elle vraiment à moi?" En qualifiant le racisme de ce qu'il est quand nous en sommes témoins, nous confirmons l'expérience de la personne et nous reconnaissons qu'il a vraiment eu lieu. Le reconnaître au moment même où il se produit est aussi le premier pas qui permettra d'y remédier au point de vue institutionnel et systémique. L'antiracisme est un engagement qui exige l'action : il ne suffit pas d'écrire sur le sujet, pas plus qu'il ne suffit d'en parler, il faut vraiment agir. »

Uppala attribue au bénévolat la passion qui l'habite toujours. Depuis 2012, elle participe entre autres au programme de mentorat des anciens de la Faculté de travail social Factor-Inwentash de l'Université de Toronto et, en 2017, elle a reçu le prix de mentor émérite décerné aux anciens diplômés. « Ce n'est tout simplement pas réaliste de penser que notre travail de 9 h à 17 h sera notre "emploi de rêve", fait-elle remarquer, parce que chaque travail comporte des éléments ennuyeux ou difficiles. Le bénévolat permet d'entretenir la flamme de nos autres intérêts et passions. Si vous avez le temps, le bénévolat peut être bénéfique pour vous personnellement tout en s'avérant une excellente contribution à la société, et il peut aussi être amusant. »

Uppala Chandrasekera est une chef de file inspirante dans le monde du travail social – une agente du changement influente et résolue. Pendant la Semaine du travail social, du 5 au 11 mars 2018, et tout au long de l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui obtiennent des résultats tangibles.