Prix de leadership inspirant de l'ATTSO
mars 2020

Howard Irving, Ph. D.

 

En songeant à sa carrière de travailleur social, Howard H. Irving explique : « J'ai toujours éprouvé le désir de plaider en faveur de changements importants pour les personnes qui ont constamment des difficultés avec les systèmes et les lois en place ». Howard Irving, Ph. D., TSI, est professeur émérite à l'École de travail social Factor-Inwentash de l’Université de Toronto, et il est titulaire d'une nomination conjointe à la Faculté de droit. L’ATTSO le reconnaît comme un leader inspirant en 2020 parce qu'il incarne le thème de la Semaine du travail social de cette année : « Les travailleuses et travailleurs sociaux : au cœur du changement positif dans les systèmes et les milieux ».

Howard Irving a reçu une éducation formelle à l'Université du Rhode Island, à l'Université du Connecticut et à l'Université de Toronto, où il a obtenu un doctorat. Pendant ses études de doctorat à la Faculté de travail social, il a donné des cours axés principalement sur les couples et les questions liées aux relations familiales. Après sa nomination conjointe à la Faculté de droit, il a enseigné « Les enfants et le droit » et il a animé des séminaires sur la médiation familiale à un cours d'admission au barreau, à l'Association du Barreau canadien et à des juges canadiens. 

Dès le début de ses recherches, Howard Irving a conclu qu'environ la moitié des mariages se solderaient par un divorce un jour. « Un volume aussi élevé de causes de divorce grève considérablement l'appareil judiciaire. À l'époque, le mode adversatif, particulièrement en droit de la famille, était constamment remis en question. La justice adversative avait tendance à polariser les familles et à en faire inutilement des ennemis, nuisant aux futures relations entre les parents et leurs enfants et créant des confrontations gagnant-perdant. »

Au cours de ses recherches sur le problème des litiges en droit de la famille, Howard Irving a réalisé qu'il n'existait aucun service de médiation au Canada. Il a présenté une demande de subvention pour un projet de recherche sur la médiation familiale et publié une étude à laquelle ont participé 53 avocats spécialisés en droit de la famille. Les résultats se sont révélés extrêmement positifs quant aux avantages de la médiation familiale : la médiation contribue à éviter les procès inutiles, prépare mieux les parties à comprendre les problèmes, permet au client d'utiliser les services juridiques de façon plus appropriée et réduit les bouleversements émotionnels que subit le client.

Ces recherches ont permis à Howard Irving de publier son premier livre, Divorce Mediation, The Rational Alternative, ainsi que plus de 90 articles et cinq textes sur la médiation familiale, notamment les ententes parentales, la liberté d'établissement et les enfants, les effets du divorce chez les enfants et les parents, ainsi que des études de recherche sur l'évaluation des programmes de résolution de conflits. Il a toujours accordé une très grande importance à l'état de santé global des familles et cherché à minimiser les conséquences négatives du divorce sur les enfants, comme en traite son dernier ouvrage, Children Come First. Mediation, Not Litigation When Marriage Ends.

Lors de la Conférence populaire sur le droit familial en 1984, Howard Irving s'est joint à des professionnels de diverses disciplines, entre autres, du travail social, du droit, de la psychologie, ainsi qu'à des décideurs politiques qui ont collaboré à établir Médiation familiale Canada (MFC). MFC est devenue une organisation nationale qui travaille à faire modifier les lois afin d’assurer une résolution plus humaine des conflits familiaux. Comme membre fondateur et premier président de MFC, il fait remarquer : « Pendant ce processus, nous avons coordonné notre travail à celui du système judiciaire. Chaque province et territoire était représenté au sein du comité. J'ai eu beaucoup de chance de pouvoir œuvrer de pair avec des personnes intelligentes, très dynamiques et déterminées à susciter des changements. Peu après ces rencontres, j'ai proposé au ministère fédéral de la Justice d’aider à développer MFC officiellement. » 

Howard Irving explique que Médiation familiale Canada a reçu une subvention de trois ans qui a permis de l'appuyer à concevoir et à encourager la résolution des conflits familiaux dans le cadre du système de justice familiale. Grâce à MFC, il existe désormais des services institutionnalisés de médiation familiale et la Loi sur le divorce a été modifiée afin d'accorder une place importante à la médiation dans le droit de la famille comme solution non conflictuelle en cas de séparation ou de divorce. En plus d'avoir créé MFC, il a joué un rôle en recommandant des modifications à la Loi sur le droit de la famille qui mettent l'accent sur les avantages de la médiation des conflits familiaux, exigent que les avocats informent leurs clients de la disponibilité des services de médiation et donnent accès à des séminaires éducatifs gratuits permettant aux familles de mieux comprendre leur situation concernant la séparation et le divorce.

La nomination conjointe de Howard Irving à la Faculté de droit et comme codirecteur du programme conjoint en droit et en travail social à l'Université de Toronto lui a permis de mettre en valeur le travail social auprès des universitaires spécialisés en droit de la famille. L'Université de Hong Kong l'a invité à enseigner la médiation familiale pendant plusieurs années et il a écrit le livre Mediation for Chinese Families, qui a été traduit en mandarin. Il a aussi enseigné la médiation à l'Université hébraïque en Israël et donné de nombreux cours magistraux sur la médiation un peu partout en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. À l'Université de Toronto, il a supervisé dix thèses de doctorat sur la résolution de conflits. Howard Irving a également conçu et enseigné un programme autorisé de formation agréée à l'intention des médiateurs familiaux au Canada et à Hong Kong.

À titre de travailleur social, Howard Irving a appris l’importance d’une étroite collaboration avec des membres de diverses professions et du travail d'équipe : « Gardant à l'esprit qu'il faut une armée si on veut apporter des changements sociaux qui profiteront à tout le monde, j'ai bien compris l'avantage de faire partie de comités qui regroupent des travailleurs sociaux, des avocats, des juges, des psychologues, des décideurs politiques et des personnes de la base qui ont vécu le processus. Les habiletés en communication que j'ai acquises comme travailleur social m'ont été d'une valeur inestimable », explique-t-il, ajoutant que sa résilience et sa capacité à se concentrer sur la recherche sont des facteurs qui ont contribué à instaurer des changements au cœur du système politique. 

Selon Howard Irving, les responsables du travail social doivent être capables d’utiliser une approche multidisciplinaire et de faire preuve d'empathie, de résilience et de courage pour plaider en faveur du changement social face à des obstacles insurmontables.

Howard Irving mentionne un vieux proverbe chinois dont un de ses étudiants en médiation à Hong Kong lui a fait part : « Ne pas tuer mouche sur tête d'homme avec hache ». Il s'explique : « Essentiellement, l'exercice du travail social exige énormément de bon sens et qu’on s'inspire de valeurs exemplaires et de principes judicieux pour opérer des changements sociaux. »

Howard Irving est un leader inspirant du monde du travail social qui agit avec rigueur, courage et dans un esprit de collaboration. Pendant la Semaine du travail social et tout au long de l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui font bouger les choses.