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Dre Cheryle Partridge


Récipiendaire : février 2005

Dre Cheryle Partridge est une éducatrice en service social au sein du Programme des services sociaux autochtones de l'Université Laurentienne et une Anishinaabe-Kwe (femme ojibway) de la Première nation Wasauksing, près de Parry Sound. Cheryle défend depuis longtemps la justice sociale pour les Autochtones et s'efforce de vivre en respectant les Enseignements des sept grands-pères des peuples Anishinaabe. Cette interview a été menée en préparation à la Semaine nationale du travail social qui est célébrée du 7 au 13 mars 2005 et qui porte sur le thème : « Travailleuses et travailleurs sociaux : célébration de la communauté - mise en valeur de sa diversité »

Dre Cheryle Partridge est diplômée de l'Université Laurentienne où elle a obtenu son premier diplôme en service social en 1993, mais estime avoir joué un rôle d'aide presque toute sa vie. Suivre des cours à l'université en tant qu'étudiante adulte, cela a été la réalisation du rêve de sa vie. Après avoir obtenu sa maîtrise en service social à l'Université de Toronto en 1994, Cheryle a poursuivi sa carrière en travail social tout d'abord dans un organisme de santé mentale qui exerçait ses activités à la fois à Sudbury et dans les communautés des Premières nations environnantes, puis a travaillé pour la Nation crie dans le nord du Québec comme directrice des services professionnels - sociaux. Depuis 1999, elle enseigne à l'Université Laurentienne au département des Études autochtones, à l'École de service social et des services sociaux autochtones. Elle est actuellement coordonnatrice du Programme des services sociaux autochtones. Sa vie très active comporte l'enseignement à temps plein tout en poursuivant simultanément ses études de doctorat en éducation, avec une spécialisation sur les Autochtones, à l'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario (IEPO) à Toronto. Elle a récemment appris qu'elle deviendra professeure permanente le 1er juillet 2005. Elle est par ailleurs membre du conseil d'administration du chapitre de Sudbury de l'Association des travailleuses et travailleurs sociaux de l'Ontario, et membre actif de Three Fires Society de la Loge Midewivin.

Alors qu'elle n'avait jamais imaginé devenir professeure, Cheryle nous dit qu'aujourd'hui elle ne peut s'imaginer faire autre chose : « J'ai trouvé ma place et j'en suis heureuse ». Elle apprécie tout particulièrement les étudiants, disant qu'ils représentent l'élément le plus important de sa vie universitaire. Le programme des services sociaux autochtones offre aux étudiants (tant autochtones que non autochtones) une solide base en service social visant une culture particulière. Ayant eu également l'occasion d'enseigner dans le programme normal de service social, elle a trouvé l'expérience positive pour elle-même et pour les étudiants, car ils ont tiré parti de sa perspective autochtone et se sont sensibilisés aux questions autochtones. 

D'un point de vue autochtone, Cheryle pense que la profession de travail social s'est développée et a évolué ces dernières années. Elle a recours à l'analogie de l'impact d'un gravillon lancé dans une mare et les cercles que cela produit - même les petits changements peuvent avoir des effets considérables à long terme. Elle fait remarquer que le programme de services sociaux autochtones de l'Université Laurentienne a été le premier de son genre au Canada et compte aujourd'hui plus de 160 titulaires de baccalauréat en service social depuis 1988. Elle pense également qu'il existe une collaboration croissante entre les cultures et que cela est positif. Elle cite, par exemple, la collaboration entre les trois volets de service social (français, anglais et autochtone) à l'Université Laurentienne à propos d'un projet sur les sans-abri à Sudbury. 

Quand on lui demande ce qu'elle pense de l'avenir du travail social, Cheryle répond : « Je suis travailleuse sociale, par conséquent, je suis une optimiste. J'envisage le jour où on n'aura plus besoin de travailleurs sociaux; j'envisage le jour où l'oppression cessera d'exister; j'envisage le jour où il n'y aura plus de racisme; j'envisage le jour où les Autochtones auront leur autonomie et leurs propres organismes « pour les Autochtones et par les Autochtones ». 

Dre Cheryle Partridge estime que le principal attribut que doivent avoir les leaders en travail social, c'est le respect des autres et le respect de soi. Elle fait remarquer ceci : « Étant membre de cette profession, il faut montrer l'exemple. Si vous parlez des Enseignements des sept grands-pères et du Code de déontologie, vous devez vivre votre vie en les respectant. Vous devez mettre en pratique ce que vous prêchez. » En ce qui concerne les leaders autochtones de la profession, elle pense qu'ils doivent respecter les différences dans leurs propres communautés et embrasser la diversité. De même, elle souligne que les leaders doivent combler l'écart qui existe entre les perspectives des Autochtones et des non Autochtones sur le monde, qui sont dans bien des cas diamétralement opposées. 

En termes de défis, Cheryle fait remarquer que les travailleuses et travailleurs sociaux autochtones ont dû faire face à des stigmates dans leurs propres communautés. Elle explique que les communautés autochtones au Canada n'ont généralement pas confiance dans le travail social en raison d'anciennes politiques gouvernementales qui ont permis d'arracher des enfants à leur foyer. Le lancement du Programme de services sociaux autochtones de l'Université Laurentienne a eu un effet positif sur les relations entre la profession et les Autochtones, maintenant que les diplômés présentent un nouveau visage du travail social. Cheryle insiste auprès des étudiants pour qu'ils soient des modèles de comportement pour leurs familles, leurs communautés, leurs Nations, ainsi que pour leur profession. 

Dre Cheryle Partridge a une passion évidente pour le travail social. Elle dit qu'elle a maintenu cette passion en faisant confiance aux Enseignements des sept grands-pères et au Code de déontologie du travail social et en s'efforçant de les respecter. Elle se dit être « une réaliste qui porte à l'occasion des lunettes à verres teintés en rose », et c'est ce qui caractérise sa profession d'éducatrice de service social.

Dre Cheryle Partridge est un leader en travail social - un modèle de comportement empreint de sagesse et de fierté. Célébrons la communauté du travail social et mettons en valeur sa diversité au cours de la Semaine du travail social, du 7 au 13 mars 2005, et pendant toute l'année.