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Laurel Rothman


Récipiendaire : mars 2007

Selon Laurel Rothman, une vibrante communauté remplit un rôle crucial pour la santé de notre société. Laurel est directrice de la réforme sociale à l'Association des services à la famille de Toronto. Une fonction essentielle de ce poste consiste à assumer le rôle de coordonnatrice nationale de Campagne 2000, réseau d'organismes partenaires à l'échelle nationale, régionale et locale, faisant pression pour mettre fin à a pauvreté des enfants au Canada; elle occupe ce poste depuis 1998. Elle a été interviewée avant la Semaine nationale du travail social, qui se déroule du 5 au 11 mars 2007, et qui a pour thème :   « Les travailleuses et travailleurs sociaux : une source de mieux-être dans la vie des enfants et des familles »

Depuis son arrivée au Canada au début des années 1970, après avoir obtenu une MSS de l'université de Pittsburgh, Laurel Rothman a travaillé dans différents établissements, notamment un établissement résidentiel pour hommes handicapés ayant un retard de développement, une agence d'aide sociale à l'enfance, et un centre de garde d'enfants. Pendant un certain nombre d'années, elle a apporté une perspective des services à la personne au Service de planification et de développement de la ville de Toronto, en ce qui concerne la planification des programmes de garde d'enfants, les foyers de groupe, et les établissements pour personnes handicapées. 

En revenant sur l'évolution de la profession de travail social au cours des 30 dernières années, Laurel Rothman voit deux trajectoires distinctes : la pratique clinique et l'organisation/le développement communautaire. Elle a observé un manque de convergence entre ces deux aspects du travail social. Elle s'inquiète du fait que le travail au niveau « macro » n'est souvent pas considéré comme une option viable. Laurel a noté que le respect et le profil des organismes communautaires ont tendance à fluctuer au fil des ans et cela influence les domaines vers lesquels se tournent les étudiants. Elle est encouragée de voir que ces trois dernières années les étudiants et nouveaux diplômés s'orientent davantage vers le développement communautaire. 

Lorsqu'on l'interroge sur les défis auxquels fait face selon elle la profession de travailleur social, Laurel répond : « Financement, financement, financement! Est-ce que les services de travail social seront suffisamment évalués pour qu'ils puissent évoluer au niveau de ce qu'ils devraient être au XXIe siècle? » Elle regrette la lourde perte d'investissements publics au cours des deux dernières décennies, ce qui signifie que la plus jeune génération n'a pas la vision de ce qu'un système bien financé pourrait signifier en termes de transformation de vies et d'occasions de succès. 

Laurel Rothman parle du défi consistant à garder ce qui est spécial au sujet du travail social - la valorisation de l'individu et du développement de la personne - tout en essayant de rester au courant de la technologie sans se sentir dépassé par elle. Elle n'est pas convaincue qu'une orientation ferme sur la pratique factuelle aboutisse à une meilleure politique, un meilleur financement et à de meilleurs programmes. Elle accorde de l'importance à la responsabilisation, tout en faisant des mises en garde contre les conditions qui empêchent les idées créatives et la possibilité d'innovations. Laurel fait remarquer la disparition des subventions pour la mise à l'essai de nouvelles techniques et de nouveaux services. Elle trouve également frustrant le besoin de centrer ses ressources sur l'obtention de fonds, parce que les services ne sont pas financés à des niveaux qui reconnaissent les coûts réels que représentent des salaires décents et un lieu de travail professionnel. 

Cependant, Laurel est une optimiste. Elle pense que cela est une qualité essentielle pour réussir une carrière dans le travail social. Elle trouve personnellement que la vitalité, l'énergie et les nouvelles perspectives qu'apportent les nouveaux arrivants et leurs enfants nés au Canada sont un formidable encouragement pour son travail. 

Selon Laurel Rothman, les chefs de file en travail social doivent avoir des convictions claires, rester au courant de l'actualité, et s'engager activement avec les autres. Elle croit qu'un chef de file doit passer un certain temps à faire du mentorat et à semer la graine pour la relève des chefs de file à l'avenir. Elle souligne qu'un autre aspect important du leadership est la volonté de prendre des risques. Dans son travail avec Campagne 2000, cela a parfois signifié qu'elle a dû prendre des positions fortes, même malgré la résistance. 

Pour conserver sa passion, Laurel souligne qu'il est important de rester connectés avec les membres de la base. Elle reconnaît avoir eu la chance de travailler, pendant toute sa carrière, dans des milieux de travail pleins de respect qui lui ont apporté les ressources dont elle avait besoin. Elle parle en termes élogieux du soutien qu'elle reçoit de son lieu de travail actuel, l'Association des services à la famille de Toronto. Au fil des ans, son organisme a évolué pour créer des communautés inclusives et pour financer des postes afin d'examiner les questions systémiques. Laurel trouve cela très intéressant de faire partie d'un organisme inclusif et progressiste. Elle ajoute que « Dans le travail communautaire, vous n'êtes jamais seul. Mon travail avec des coalitions et des groupes me procure un formidable soutien professionnel et est une source d'une grande camaraderie. » 

En rapport avec le thème de la Semaine du travail social de 2007, « Les travailleuses et travailleurs sociaux : une source de mieux-être dans la vie des enfants et des familles », Laurel Rothman aimerait parmi ses souhaits trouver des champions qui travailleront à restaurer la dignité et la décence dans l'attitude du public envers les assistés sociaux. Elle aimerait aussi que les leaders du secteur public accordent la priorité à la réduction de la pauvreté. Enfin, dit-elle : « Nous avons besoin de leaders communautaires, de responsables politiques et de médias qui restaurent la confiance du public dans les produits et services publics qui reflètent les valeurs de justice et d'approches collectives à la résolution de problèmes que partagent les Canadiennes et Canadiens. Nous avons besoin de leaders qui ne se laissent pas facilement influencer par un programme de réduction des services publics et qui comprennent le besoin d'avoir des fonds publics pour financer ces services. » 

Laurel Rothman est un chef de file en travail social - elle est coopérative, énergique et prête à prendre position. Pendant la semaine du travail social, qui se déroule du 5 au 11 mars 2007, et pendant toute l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui sont une source de mieux-être dans la vie des enfants et des familles.