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Marco Posadas


Récipiendaire : mars 2013 

Parmi ses revendications, Marco Posadas en a deux qui lui tiennent particulièrement à cœur : « Davantage de fonds pour les interventions utiles en santé mentale de longue durée pour les populations de LGBTT, et un système canadien d'immigration et d'aide aux réfugiés qui soit plus complet et plus réaliste, qui ne fasse pas de discrimination selon le pays d'origine, mais qui évalue la personne dans sa globalité ».  Marco Posadas, MSS, TSI, est un conseiller de bains publics et coordonnateur de programme au Comité sur le SIDA de Toronto, où il a élaboré et mis en œuvre un programme d'approche de santé mentale communautaire, appelé « TowelTalk », financé par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Cette intervention innovatrice vise à aider les hommes à se pencher sur les questions psychosociales qui influent sur leur santé sexuelle. Marco exploite également une pratique de psychothérapie et de psychanalyse privée. L'ATTSO le met en vedette à titre de leader inspirant pendant la Semaine du travail social, que l'on célèbre du 4 au 10 mars 2013, et qui a pour thème « Redonner l'espoir : le pouvoir du travail social ».  

Marco est heureux de l'occasion qui lui est donnée de décrire son programme d'approche de santé mentale : « L'équipe TowelTalk offre du counseling thérapeutique anti-oppression, anti-racisme, anti-homophobie, axé sur le client, les points forts, la prise de conscience et l'attitude positive envers l'expression de la sexualité dans l'optique d'une réduction des méfaits dans un milieu hautement sexualisé. Nous essayons d'atteindre les hommes qui selon nous sont victimes d'une défaillance du système et nous les faisons participer à une intervention de "première étape".  Nous tentons d'établir une alliance thérapeutique qui les aiderait à surmonter les obstacles systémiques et leur permettrait d'avoir accès à des services communautaires. »  Premier programme en son genre, TowelTalk a capté l'attention internationale, et Marco a été invité à présenter son travail lors de conférences dans le monde entier. 

Dans sa pratique privée, Marco utilise une perspective psychanalytique avec les LGBTT et les populations mal desservies : « Mon but est de créer un espace dans le milieu de la psychanalyse pour atteindre les populations marginalisées qui pourraient bénéficier d'interventions solides, efficaces et fondées sur les données probantes comme la psychanalyse et la psychothérapie psychanalytique. » 

D'après son expérience personnelle et clinique, Marco pense fortement que la création d'un espace où les gens peuvent raconter et écouter leurs propres histoires, cela peut entraîner des changements et un développement sur le plan personnel qui peuvent en définitive permettre de relever des défis systémiques. Il explique : « L'expérience consistant à déterminer la honte et les stigmates intériorisés peut représenter un outil très puissant pour apporter des changements porteurs d'espoir. Je pense que la création d'espace pour les collectivités qui ont été systématiquement marginalisées pourrait être un outil critique pour apporter des changements sociaux. Je pense que la créativité, le courage et un milieu positif peuvent aider les travailleuses et travailleurs sociaux à être créatifs et à trouver des solutions qui soient accessibles aux personnes victimes d'une défaillance du système ou à celles qui ont perdu espoir. Je pense que la psychothérapie est un outil qui nous a aidés à trouver la manière de nous pencher sur l'impact que l'exclusion, l'oppression, les stigmates, la honte et la culpabilité ont eu sur la collectivité LGBTT, les immigrants et les survivants de traumatismes. » 

Lorsqu'il s'agit de réaliser ses rêves professionnels, Marco pense que nous avons tous de nombreux défis à relever. Il précise ceci : « Dans ma carrière professionnelle qui m'a amené à devenir travailleur social et psychothérapeute, j'ai eu à faire face à des obstacles au sein du milieu de la psychanalyse, du milieu du VIH et du milieu du travail social.  La plus grande difficulté au sein de ces trois collectivités a été de surmonter les obstacles créés par le statu quo dans la « manière de faire les choses ». Par exemple, dans le milieu du SIDA, il n'a pas été facile de créer un espace pour une intervention en santé mentale, mais lentement, une fois que vous gagnez de la crédibilité au sein du milieu, les changements commencent à se produire - et le fait d'être un travailleur social m'a réellement aidé à ouvrir des portes. L'engagement à servir, l'autodétermination et la justice sociale sont les valeurs fondamentales qui m'aident à rester concentré sur le travail difficile consistant à m'occuper de la douleur, des traumatismes, de la honte, de la culpabilité et des stigmates. »    

Marco fait savoir qu'en tant qu'homosexuel au Mexique dans les années 1990, il n'a pas été autorisé à suivre une formation en psychanalyse, car à cette époque on estimait que les homosexuels n'étaient pas des candidats aptes à devenir psychanalystes. Il poursuit : « Après avoir émigré au Canada et avoir suivi une formation de travailleur social, j'ai pu commencer une formation pour devenir psychanalyste. Je pense que ces défis, ajoutés à mon expérience d'immigration, m'ont galvanisé et maintenu motivé pour atteindre mon rêve personnel. » Marco a également trouvé des possibilités en travaillant en collaboration avec différents secteurs. Il nous donne les conseils suivants : « Laissez votre travail s'exprimer en votre nom. Il y a beaucoup de gens qui s'intéressent réellement à faire en sorte que les soins de santé mentale deviennent accessibles à tous - trouvez un mentor, travaillez avec lui et demeurez concentré sur votre développement personnel. » 

Marco est fier d'avoir créé un espace pour les populations marginalisées (spécifiquement les immigrants au Canada et les LGBTT) et les formes d'intervention marginalisées (psychanalyse) au sein de différents secteurs dans la collectivité : « Je travaille au carrefour de la psychanalyse, du travail social, du SIDA et des LGBTT, et je me sens très motivé par les réactions des toutes ces collectivités à I'égard de mon travail. Le milieu de la psychanalyse a accueilli différentes idées et formes d'intervention qui apportent des services de santé mentale à des personnes qui normalement n'auraient pas accès aux services en raison des préjudices ou de la crainte d'être montrées du doigt. Je me sens très honoré, plein d'humilité et encouragé pour poursuivre mon travail. » 

Pour Marco, il est très motivant d'être dans les tranchées où l'action thérapeutique et le développement personnel se produisent. Il fait savoir : « Lorsque je vois que nous, les travailleuses et travailleurs sociaux, pouvons effectivement être le moteur du changement, il est très difficile de s'arrêter. Je me sens très privilégié de pouvoir écouter les histoires des gens et de les voir se sortir d'expériences très difficiles. » Il ajoute : « Le fait de trouver des gens qui croient en moi m'a aidé à rester motivé. Je suis très reconnaissant d'avoir d'incroyables modèles de comportement et un réseau de soutien qui m'ont montré comment trouver ma propre voix en tant que psychothérapeute et travailleur social. » Marco attribue également le maintien de sa motivation à l'encouragement de son partenaire ainsi qu'à sa famille qui croient en lui. 

Marco ne pense pas qu'il soit nécessaire d'avoir des caractéristiques essentielles pour être un leader inspirant : « Je pense que nous pouvons tous être des leaders à un moment donné. Les éléments communs que je vois dans les personnes que j'admire sont un sens implacable de l'honnêteté et une grande générosité; elles sont aussi compatissantes, soucieuses des autres, et capables d'écouter et de lire entre les lignes. Elles pensent différemment et sont présentes d'une manière qui fait que je me sens estimé et apprécié.  Essentiellement, les leaders efficaces suscitent l'espoir. » 

Marco Posadas est un leader inspirant dans la collectivité du travail social - il est créatif, courageux, généreux. Pendant la Semaine du travail social, qui a lieu du 4 au 10 mars 2013, et pendant toute l'année, prenez le temps de rendre hommage aux travailleuses et travailleurs sociaux qui apportent quelque chose de positif.