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Rhonda Teitel-Payne

Récipiendaire : février 2010 

Rhonda Teitel-Payne croit fortement qu'il existe des solutions à la pauvreté : « Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés, c'est le fait que notre société accepte que la pauvreté a toujours existé et qu'elle existera toujours. Nous devons aller au-delà de cette acceptation et la changer. Je pense que nous le pouvons. » Rhonda est gestionnaire de l'agriculture urbaine à The Stop Community Food Centre (The Stop) à Toronto. Elle a été interviewée à la veille de la Semaine nationale du travail social que l'on célèbre du 1er au 7 mars et qui a pour thème : « La pauvreté : Il existe des solutions - Les travailleuses et travailleurs sociaux font la différence ». L'ATTSO la reconnaît comme un leader inspirant à l'occasion de la Semaine nationale du travail social. 

Rhonda Teitel-Payne a parlé en toute sincérité des critiques selon lesquelles les programmes d'alimentation communautaires ne sont pas une solution. Elle a énuméré les nombreux avantages qui peuvent découler des programmes d'alimentation comme les jardins communautaires, y compris de meilleures connexions sociales et une réduction de l'isolement social, l'activité physique, l'accès à des aliments sains et locaux, la réduction du stress et une plus grande cohésion sociale. Les programmes d'alimentation communautaires pourraient être des sources de compétences en leadership que les participants pourraient utiliser dans leur emploi ou dans des campagnes d'organisation sur d'autres questions dans leur vie et leur communauté. 

Rhonda a souligné que vivre dans la pauvreté peut être une expérience stigmatisante et que les programmes d'alimentation communautaires offrent une chance de briser l'isolement et les stéréotypes : « Cela fait un bien immense de se découvrir des compétences et de mettre celles-ci et ses aptitudes au service de la communauté. En créant un milieu de confiance, de dignité et de soutien, nous pouvons découvrir les capacités des gens. » Elle a également fait remarquer que lorsque les gens se rassemblent, ils prennent conscience qu'ils font face à des problèmes communs et commencent à se poser des questions, à partager des idées, et à trouver des moyens de réagir. 

Lorsque Rhonda a obtenu sa maîtrise en travail social de l'Université de Toronto en 1996, elle a jugé qu'il était important de concentrer son travail sur le développement communautaire. Elle pense aussi qu'il est essentiel d'utiliser un modèle anti-oppressant : « Une approche duelle est indispensable : supprimer les obstacles et créer des possibilités ». Elle est en particulier contre la distinction souvent faite entre les pauvres dignes d'attention et les autres qui ne le sont pas. Elle a fait remarquer qu'il y a habituellement des raisons pratiques pour lesquelles les gens évitent de devenir actifs au sein de leur communauté et que la suppression des obstacles est essentielle à une pleine participation. Elle a par exemple souligné le système d'assistance sociale, qui selon elle s'attache davantage à maintenir l'ordre qu'à fournir des possibilités et des ressources. 

Rhonda pense que les travailleuses et travailleurs sociaux peuvent jouer un rôle important dans l'éducation du grand public pour ce qui est d'essayer de survivre avec les indemnités de l'aide sociale. Elle indique que la campagne  « Do The Math » (Faites vos calculs) est un outil puissant pour sensibiliser le public aux décisions impossibles que les gens à faibles revenus doivent prendre (www.dothemath.thestop.org). 

Rhonda Teitel-Payne estime qu'il est vraiment important de donner une large définition aux déterminants sociaux de la santé : « Lorsque j'ai commencé à m'occuper des jardins communautaires, j'ai commencé à prendre conscience des interconnexions qui existent entre la santé, les milieux et la justice sociale à la fois pour les particuliers et pour les communautés. Si vous désirez cultiver des aliments sains dans votre communauté, vous devez commencer par un environnement sain. Les gens qui vivent dans la pauvreté sont souvent plus exposés aux toxines de l'environnement, subissent des répercussions négatives plus graves pour leur santé en raison de ces toxines et disposent de moins d'outils pour contrecarrer ces effets (y compris l'accès à une alimentation saine). Je suis avec The Stop depuis onze ans, en partie parce que notre approche essaie de se pencher sur toutes ces dimensions. Cela vous force à travailler beaucoup plus efficacement lorsque vous pouvez attirer un tel éventail de personnes, d'idées et de professions. L'alimentation a ce pouvoir. »

Rhonda a fait remarquer que le fort intérêt que le public porte actuellement à l'alimentation pourrait être une excellente occasion d'aller de l'avant. Par exemple, le Toronto Board of Health travaille à une stratégie pour créer un système alimentaire plus durable, qui comporte de nombreuses dimensions, comme le revenu, l'environnement, le transport et la planification urbaine. Elle encourage fortement  les travailleuses et travailleurs sociaux à se joindre à ce processus et invite celles et ceux de Toronto à participer à la consultation. Elle espère que le résultat sera un modèle pouvant s'adapter à d'autres communautés en Ontario et au Canada. 

Interrogée sur les principales réalisations dans son travail, Rhonda Teitel-Payne a dit ceci : « L'une des meilleures choses que j'ai réalisées dans mon travail chez The Stop est d'avoir créé un lieu où les gens peuvent mettre leurs compétences à l'essai, les perfectionner, puis les transférer ailleurs ». Et cela concerne le personnel, les membres de la communauté, les bénévoles et les étudiants stagiaires. 

Le plus grand souhait de Rhonda serait que tout le monde ait tous ses besoins de base satisfaits et ait la possibilité de mettre ses compétences à profit. Elle aimerait également voir exploser dans toute la province un plus grand nombre d'activités axées sur la cuisine, la culture de son jardin et l'alimentation. Et plus important encore, elle voudrait que plus de gouvernements et d'institutions fassent des efforts pour supprimer les obstacles et créent des possibilités et non davantage de difficultés. 

Les personnes qui collaborent avec elle et qui sont pour elle une grande source d'inspiration et d'idées sont la raison pour laquelle Rhonda a conservé sa passion. « Sentir que l'on fait partie d'un plus grand mouvement de lutte est exaltant. À travers les âges, à travers l'histoire, dans le monde entier, les gens se regroupent et apportent des idées innovatrices. Cela me donne beaucoup d'espoir. »

Quand on lui demande quelles sont les qualités essentielles d'un leader, Rhonda souligne la nécessité d'avoir une vision claire à partager et à formuler. Elle a ajouté : « Une approche intellectuelle n'a pas une grande signification si elle ne repose pas sur la passion ». Elle maintient qu'il est important de donner aux gens ce dont ils ont besoin pour réaliser leur potentiel, d'avoir confiance en eux et de savoir comment laisser place à quelqu'un pour qu'il puisse prendre les mesures voulues. 

Rhonda Teitel-Payne est un leader inspirant dans la communauté du travail social - innovatrice, perceptive et déterminée à créer des possibilités et des solutions. Pendant la Semaine du travail social, du 1er au 7 mars 2010, et pendant toute l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui font la différence.