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Rose Piacentino
 
Récipiendaire : février 2006

Rose Piacentino, BA, BSS, TSI, pense que les travailleuses et travailleurs sociaux à tous les niveaux peuvent faire une différence, quel que soit leur diplôme ou leur cadre ou lieu de travail : « Tout dépend de ce que vous y apportez ».

Jusqu'à récemment, Rose travaillait à l'unité d'aide aux personnes traumatisées/ de neurochirurgie de l'hôpital St. Michael où elle est restée cinq ans, et elle travaille aujourd'hui à l'unité des soins intensifs de ce même hôpital. Rose est également un porte-parole pour la Fondation Into The Light, fondation établie en l'honneur de Louise Russo pour aider à combler le fossé qui existe entre le soutien gouvernemental et le coût du crime. Elle a été interviewée juste avant la Semaine nationale du travail social que l'on célèbre du 6 au 12 mars et qui a pour thème : « La violence fait souffrir tout le monde ». 

L'année 2004 a marqué pour Rose et sa famille le début d'une période difficile, alors que sa sœur, Louise, a été frappée au hasard d'un coup de balle qui l'a laissée paraplégique. Cette tragédie a eu des répercussions dévastatrices pour sa famille, et Rose a été sollicitée par les médias pour leur faire part de son expérience. Elle a écrit un article sur sa perspective personnelle à l'égard de cet événement traumatique et de ses répercussions, qui est paru dans le numéro de février 2006 du Bulletin de l'ATTSO.
Rose Piacentino a fait savoir combien elle était fière d'être travailleuse sociale. Elle est persuadée que les travailleuses et travailleurs sociaux ont des compétences spéciales à offrir. Elle a souligné le besoin d'accroître la visibilité du travail social à la fois dans les écoles et les médias. Elle a dit ceci : « Il est essentiel d'adopter une approche proactive en matière de prévention de la violence, et le travail social est bien qualifié pour le faire. Les travailleuses et travailleurs sociaux comprennent par intuition les besoins et souvent les causes de ce problème. » Son rêve est de voir le travail social devenir une partie intégrante du programme d'études dans les écoles élémentaires et secondaires - les travailleuses et travailleurs sociaux peuvent transmettre des compétences qui pourraient avoir un impact à long terme, par exemple, sur l'estime de soi. Elle a souligné le besoin de s'engager plus activement et de ne pas se limiter à faire des présentations annuelles sur l'intimidation et à intervenir dans les écoles une fois que des problèmes ont été identifiés : « Il est important d'être présent de façon régulière et de répéter ces messages essentiels ». 

Pour ce qui est de sa carrière, Rose a obtenu un poste à l'hôpital St. Michael juste après l'obtention de son diplôme de l'Université York en 1990, puis elle a pu passer d'une unité à l'autre lorsque des possibilités se présentaient ou l'intéressaient. Au fil des ans, elle a travaillé dans les domaines de la médecine/chirurgie, du VIH/SIDA, de l'orthopédie et la neurochirurgie/chirurgie traumatologique. Elle trouve le travail social un domaine fascinant qui offre des possibilités de travailler non seulement en première ligne, mais aussi dans la recherche et l'élaboration de programmes, entre autres, et aussi dans le secteur privé que public - d'après elle, les possibilités sont innombrables. Elle aimerait que les étudiants de première année de travail social soient introduits à la vaste gamme de domaines
d'exercice possibles.

Rose Piacentino a aussi insisté sur le fait que les travailleuses et travailleurs sociaux doivent devenir visibles à tous les niveaux de gouvernement. Elle a fait remarquer que le travail social est particulièrement bien placé pour défendre la cause des groupes marginalisés, d'où la nécessité pour la profession de se faire entendre. Dans les hôpitaux, elle estime que les travailleuses et travailleurs sociaux doivent s'assurer que les autres professions comprennent leur rôle et trouvent les moyens de mettre en valeur leurs compétences de façon créative et innovatrice pour que les clients soient le mieux servis possible. 

Rose pense que l'un des plus grands défis auxquels fait face le travail social aujourd'hui est de faire plus avec moins. Il est vrai que les budgets imposent des contraintes sur les services. Cependant, a-t-elle précisé : « Nous ne devrions pas avoir peur de nous exprimer haut et fort et d'exiger des changements au nom de nos clients. Nous devons nous rappeler qui est notre clientèle. » 

Selon Rose Piacentino, pour être un leader il faut avoir de la passion et une vision. Souvent, dit-elle, cela signifie qu'il faut reconnaître les lacunes, avoir une vision pour cette lacune, exprimer clairement cette vision, ne pas reculer devant le défi, communiquer et établir des liaisons avec les autres qui ont la même passion ou qui peuvent apporter un changement, puis le mettre en place. En plus de bien savoir écouter, elle a dit qu'un leader doit aussi avoir de l'empathie, de la compassion, de la détermination, des qualités de plaideur et être digne de confiance : « Tout cela vient avec la passion, qui est l'âme du
travail social ».

Personnellement, elle a fort à faire : le procès en cours pour l'accusé dans l'affaire de sa sœur; les répercussions à long terme du crime; la gravité de l'état de santé de sa sœur; la propre famille de Rose qui comprend deux petites filles; son travail à l'hôpital; son travail de bénévole à son école publique locale; et son travail de bénévole avec la fondation. Mais elle a trouvé qu'elle ne peut pas s'occuper uniquement de l'aspect personnel - il est important pour elle de se servir de ses compétences de travailleuse sociale et de se faire la porte-parole des nombreuses victimes qui souffrent en silence. Elle comprend combien il est difficile de traiter avec un système qui se retourne souvent contre les victimes et agit comme un obstacle en raison de sa complexité. Elle a ajouté : « C'est difficile, frustrant et compliqué. Personne n'aide avec la situation d'ensemble. Cela exige un engagement physique, financier et affectif. » Travailler avec la fondation et autres groupes communautaires lui a permis de se servir à la fois de sa formation et de ses connaissances du point de vue d'une victime pour aider les autres à se diriger dans le système et à obtenir
les ressources dont elles avaient besoin. 

Pour Rose Piacentino, il a été facile de maintenir sa passion pour le travail social. Elle aime la particularité des gens, les différences dans leurs valeurs, croyances, traditions et modes de vie. Si le travail peut être parfois stressant, savoir que vous avez réussi à aider quelqu'un à s'en sortir, cela en vaut la peine : « Il est satisfaisant, dans une situation traumatique, de renforcer la capacité des gens et de mettre en valeur leur force intérieure.» 

Compte tenu du thème de la Semaine du travail social de 2006 « La violence fait souffrir tout le monde », on a demandé à Rose ce qu'elle souhaiterait comme réponses aux préoccupations relatives à la violence et aux mauvais traitements. Elle a répondu : « Nous devons reconnaître les répercussions à long terme du crime et des mauvais traitements et les coûts que cela entraîne pour toute la société. Nous avons besoin de mentors positifs. Une seule personne peut par elle-même apporter de grands changements. » 

Rose Piacentino est un leader en travail social - elle a de l'empathie, de la détermination et elle fait bouger les choses. Pendant la Semaine du travail social, du 6 au 12 mars 2006, et pendant toute l'année, prenez le temps de saluer les travailleuses et travailleurs sociaux qui jouent un rôle essentiel en s'attaquant aux nombreuses formes de violence qui se manifestent dans notre société.